Enfin Woolf vint…

 

Longtemps, j’ai tourné autour des livres de Virginia Woolf avec une sorte d’appréhension, de crainte, presque de terreur sacrée (awe, ce mot pour lequel le français n’a pas d’exact équivalent), un peu comme avec Proust, d’ailleurs, qui m’inspire toujours le même sentiment. Ensuite je l’ai apprivoisée. Je crois que cela a commencé avec Mrs Dalloway, que j’ai lu – comme beaucoup d’autres spectateurs je suppose – après avoir vu le film tiré du livre de Michael Cunningham The Hours. Apprivoisée, mais avec, toutefois, une certaine distance, celle que l’on réserve aux grands fauves. Je n’ai pas lu tous ses livres, loin de là (tant mieux, il m’en reste à découvrir !) J’ai adoré Orlando et je me bats avec Les Vagues, alternant la VO et la VF pour mieux cerner des points qui me laissent perplexe, et visitant le site de Christine Jeanney qui tient actuellement un journal de bord (passionnant) de la nouvelle traduction de ce livre.

Portrait de Virginia Woolf par Roger Fry,

Portrait de Virginia Woolf par Roger Fry, vers 1917 (image Wikipedia)

Tout ça pour dire que, dernièrement, il me semble que Virginia Woolf prend sa place dans le paysage, de plus en plus, de mieux en mieux, comme l’immense écrivain du XXe siècle qu’elle a été. Assurément cela a à voir aussi avec la publication de ses œuvres dans la Pléiade (Œuvres romanesques en deux volumes), sous la direction de son traducteur Jacques Aubert.

Et en cet automne 2013 la grande Virginia est dans l’actualité à nouveau, avec la parution à l’URDLA (le centre lyonnais de l’estampe et du livre, fief du regretté Max Schoendorff) d’un livre d’artiste : Enfin, texte de Virginia Woolf, traduction et préface de Jacques Aubert, lithographies de Myriam Mechita. Parution qui accompagne une exposition (jusqu’au 15 novembre) regroupant, autour de la figure de Virginia Woolf, les travaux les plus récents de cette artiste née en 1974 (dessins, céramiques, livres, estampes).

Lithographie de Myriam Mechita pour le livre "Enfin" (DR)

Lithographie de Myriam Mechita pour le livre « Enfin » (DR)

Jacques Aubert a donné à cette occasion au bulletin de l’URDLA, Ça presse, un texte intitulé Le moment d’être Virginia enfin, extrait de la préface du livre, où il cerne l’émergence de l’être Virginia Woolf comme écrivain et les moments qui furent « le creuset où s’élabora secrètement son écriture propre ».