Bonheur d’un musée

Dieu sait s’il m’est arrivé de râler contre la manière dont, en France, sont organisés les musées et sont disposées leurs collections (notamment en ce qui concerne le musée du Quai Branly). C’est donc avec d’autant plus de plaisir que je décernerai tous mes lauriers personnels au Musée d’archéologie et d’histoire du Rouergue, autrement dit le Musée Fenaille de Rodez. Une réussite complète, un miracle d’équilibre.

 

La disposition des salles permet de présenter les pièces en lumière naturelle.

La disposition des salles permet de présenter les pièces en lumière naturelle.

C’est d’abord l’architecture du bâtiment qui marie parfaitement le moderne et l’ancien, avec des salles très contemporaines et d’autres datant de la Renaissance, comme le superbe Hôtel de Jouéry, cœur du musée. Maurice Fenaille, pionnier de l’industrie pétrolière et grand amateur d’art, a fait don de cet hôtel particulier en 1937 à la ville de Rodez pour accueillir le musée d’archéologie et d’histoire du Rouergue, qui porte aujourd’hui son nom. Ce collectionneur avisé, possédant une grande fortune, a été notamment un mécène de Rodin, auquel il avait par exemple en 1895 commandé une série de « Baigneuses » pour orner la piscine intérieure de sa résidence de Neuilly.

 

La statue-menhir dite "La Dame de Saint-Sernin"

La statue-menhir dite "La Dame de Saint-Sernin"

C’est aussi la richesse du musée qui comporte des pièces exceptionnelles. Le musée Fenaille est unique en France pour sa collection de statues-menhirs (expression qui fait toujours l’objet de discussions, certains auteurs préférant les nommer « dalle » ou « stèle anthropomorphe » ; effectivement, à la différence des menhirs les plus fréquents, ces pierres sont plutôt plates ; néanmoins, cette appellation s’est imposée par commodité pour décrire ce type de mégalithes sculptés il y a quelque 3000 à 5000 ans). Les principales statues-menhirs de l’Aveyron, dont la plus célèbre d’entre elles, la Dame de Saint-Sernin, sont exposées au musée Fenaille. Elles sont taillées pour la plupart dans le grès fréquent dans le Sud du département. Environ 130 statues-menhirs ont été découvertes dans la région Rouergue (départements du Tarn et de l’Aveyron).

 

C’est enfin les choix muséographiques qui aboutissent à une excellente mise en valeur des objets présentés, bien éclairés, suffisamment espacés pour qu’ils existent de manière autonome, et pas trop nombreux. Les collections sont placées avec les éléments les plus anciens à l’étage supérieur, de sorte que les statues-menhirs du Rouergue bénéficient de la lumière naturelle. Ainsi disposés, elles se prêtent à une véritable rencontre qui suscite l’émotion (rare et précieuse dans ce genre de visite…) Les éléments de l’époque gallo-romaine, avec notamment de superbes mosaïques, sont également très attirants. Les pièces d’art religieux du Moyen Age aussi. J’avoue que le reste (à partir de la Renaissance), d’ailleurs relativement limité, ne m’a pas autant intéressée. Mais globalement, l’impression qui m’en est restée est celle d’un moment privilégié.

 

Divinité gauloise découverte près de Bozouls (entre Rodez et Laguiole)

Divinité gauloise découverte près de Bozouls (entre Rodez et Laguiole)

— Quant à cette divinité gauloise, elle m’a d’autant plus attirée qu’on n’en voit vraiment pas souvent. « Les Gaulois ont la particularité de n’avoir laissé aucun écrit sur eux-mêmes et quasiment aucune représentation de leurs dieux », indique le chercheur Jean-Louis Brunaux. Celle-ci n’est pas identifiée.

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Plus d’informations sur le musée Fenaille sur cet excellent site consacré à l’Aubrac.

Les photos illustrant cette note sont de l’auteur sauf la Dame de Saint-Sernin qui provient du site consacré aux statues-menhirs.

Nos ancêtres les lémuriens

Dans le blog qui a précédé celui-ci, Sablier, je disais en janvier dernier combien j’aimais les lémuriens. Et voilà que selon toute apparence, ce sont eux nos lointains ancêtres, comme le montre la découverte qui vient d’être annoncée à New York par une équipe internationale de chercheurs dirigée par le Pr Jørn Hurum du Musée d’Histoire Naturelle d’Oslo.

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Considéré comme le fossile de primate le plus complet jamais trouvé, l’animal découvert en 1983 en Allemagne près de Francfort est estimé âgé de 47 millions d’années. Ce fossile dénommé « Ida » pourrait être un indice du « chaînon manquant » de l’origine commune de l’homme et du singe. Si l’on a attendu 25 ans pour le savoir, c’est que l’histoire d’Ida est passablement rocambolesque, comme on peut le lire dans l’article de l’Express ou, en anglais, celui du National Geographic.

Mais moi je le savais bien déjà, que nous avons une affinité profonde avec les lémuriens. Enfin moi, en tout cas, qui suis comme eux rêveuse, mélancolique et lente, lente, lente.

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Maintenant si, comme moi, cette information vous intéresse plus qu’un peu, vous pouvez aller visiter le site que l’équipe a consacré à cette découverte : The Link (le lien) (en anglais aussi, sorry). Où il est annoncé entre autres qu’un livre du même titre, ayant pour auteur Colin Tudge, est paru chez Little, Brown & Co et sera publié en septembre 09 en traduction française chez JC Lattès.

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Images : fossile = National Geographic, lémurien = guide de l’Océan indien Lerochers