Loin des débats futiles sur l’autofiction et autres billevesées germanopratines, le psychanalyste et écrivain « Jibé » Pontalis poursuit son travail d’écriture. Démarche qu’éclaire un entretien récemment publié (interview par Marine Landrot dans Télérama n° 3111 du 27/8/09) :
« – Dans l’essai qui vous est consacré, Le Royaume intermédiaire, Jean-Michel Delacomptée dit que vous pratiquez ‘l’autographie’. Ce mot vous plaît-il ?
– Ça me plaît d’autant plus que je crois que, un peu imprudemment, c’est moi qui ai inventé ce terme. Contrairement à l’autobiographie, qui consiste à parler de soi, l’autographie, c’est le je qui s’écrit sans se prendre comme objet. On est dans le mouvement même de l’écriture. Le je s’écrit, il ne se décrit pas, il ne s’objective pas. Il fait entendre sa propre voix mais pas forcément en parlant de lui. L’autographie, c’est ‘j’écris en mon nom’, mais je ne me regarde pas dans un miroir. »
Je me suis interrogée sur ce terme d’autographie. La Wikipedia ne connaît d’autographie qu’un « procédé d’imprimerie du début du XIXe siècle permettant de transposer sur une pierre lithographique des dessins réalisés sur un papier spécial avec une encre grasse ». Et Larousse idem : « Transfert sur une pierre lithographique des traits tracés sur un papier dit ‘à report’, à l’aide d’une encre grasse ; reproduction ainsi obtenue. » On trouve davantage de références à l’autographie dans les sphères de la psychiatrie et de la psychanalyse : voir par exemple cet article.

Le Lot à Entraygues - août 09
« On est fait de mille autres. L’illusion, c’est le moi qui prétend être un », disait-il déjà en 2006 dans un entretien au Monde. Et dans son livre Fenêtres (Gallimard, 2000) : « L’analyse, le rêve, l’écriture : trois mouvements actifs qui me déprennent du moi-même. Le moi s’y perd, le je s’y trouve. » Pourquoi chercher autre chose ?
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