Le Mexique a suscité la passion et l’attachement de nombreux photographes venus s’y installer dans les années 20 ou 30. Je pense évidemment à Tina Modotti, venue d’Italie, à Kati Horna, de Hongrie, mais il y a eu aussi, un peu plus tard, Mariana Yampolsky, qui venait des USA.
En partenariat avec le Centro de la Imagen de Mexico et la Fondation Culturelle Mariana Yampolsky, l’Instituto Cultural de México à Paris rend hommage à cette dernière à l’occasion des 10 ans de sa disparition.
Née en 1925 à Chicago, Mariana Yampolsky était la fille du peintre et sculpteur Oscar Yampolsky. A l’âge de dix-neuf ans, elle se rend au Mexique : « Je suis venue au Mexique pour un an et j’y suis restée le reste de ma vie », dira-t-elle. Naturalisée mexicaine en 1958, Mariana est morte en 2002 dans son pays d’adoption. Elle y avait étudié la peinture, la gravure et la sculpture, dans le cadre notamment du Taller de la Gráfica Popular (TGP), avant de se consacrer plus spécialement à l’art de la photographie. Elle a été la première femme membre du Comité exécutif du TGP, structure créée en 1937 par les artistes Leopoldo Mendez, Pablo O’Higgins et Luis Arenal afin de promouvoir un art de résistance contre le fascisme et la guerre et de défendre les intérêts du peuple mexicain en plaçant l’art à la portée de tous.

Mariana Yampolsky : Jupe huichole, Jalisco, Mexique, 1993.
Image Fondation Culturelle Mariana Yampolsky
L’architecture populaire a également été l’une de ses passions, indique Patricia Gola, du Centro de la Imagen : architecture sans architectes, réalisée par les artisans ou les habitants de maisons rurales et marquée par une forte influence de la tradition autochtone. Le thème de la maison est en effet central dans l’œuvre de Mariana Yampolsky. Ce qui va de l’observation du matériau de construction (pierre, pisé…) à celle des formes que prennent les éléments constitutifs entre les mains des artisans. Mais la maison revêt aussi pour elle un sens plus large. Elle est la demeure de l’homme sur la terre et le lieu à partir duquel il regarde le monde, un lieu qui le relie à ses ancêtres et à ses origines, un lieu où le chant est possible : c’est ce que Mariana a développé dans son livre La casa que canta (1982).

Photo de Mariana Yampolsky.
Image publiée sans légende sur le site de l’Instituto Mexiquense de Cultura http://culturaedomex.wordpress.com/
L’exposition du centre culturel mexicain (qui se poursuit jusqu’au 7 février) est intitulée Tepalcates : le mot tepalcate est l’adaptation en espagnol du nahuatl tepacatl signifiant « tesson, fragment de poterie ». Elle est essentiellement consacrée au thème de la maison rurale mexicaine, avec notamment de très beaux gros plans sur des matériaux naturels utilisés dans la construction. Ce choix permet de développer le thème de manière détaillée, mais il est toutefois un peu dommage de n’avoir pas fait de place aux autres thématiques de Yamposlky, qui a réalisé de magnifiques figures des habitants de ces zones rurales. On peut voir certaines de ces autres photos sur le site de la Fondation Culturelle Mariana Yampolsky.