Un regard sur la Chine des années 1840

 

 

Pour célébrer ses dix ans, le Centre Culturel de Chine à Paris organise avec le Musée français de la Photographie une exposition inédite (à voir jusqu’au 27 novembre) dévoilant les premières photographies de la Chine connues à ce jour.

 

Cet ensemble comprend des œuvres qui comptent parmi les pièces les plus emblématiques et les plus fragiles du Musée français de la Photographie, ainsi que le journal de bord de leur auteur, Jules Itier, inspecteur des douanes et daguerréotypiste amateur. Et offre la possibilité exceptionnelle de découvrir le premier regard photographique qu’un Occidental ait porté sur la Chine : c’était dans les années 1840.

 

Hall d’entrée de la salle d’exposition, Centre culturel de Chine. Photo ELC

L’exposition retrace le parcours de Jules Itier, les motifs et les étapes de son voyage. Elle a pour ambition de mettre en valeur la spécificité de ce témoignage visuel et écrit. Elle s’appuie dans ce but sur une scénographie intimiste où les daguerréotypies – devant être regardées de près – sont présentés dans des sortes de malles-cabines ouvertes comme des livres.

 

Alphonse Jules Itier, fonctionnaire des douanes, embarque pour la Chine en décembre 1843. Il accompagne l’ambassadeur Théodore de Lagrenée, chargé par le roi Louis-Philippe de négocier un traité commercial entre la Chine et la France (le traité de Huangpu, négocié à Macao et signé sur le territoire de l’Empire chinois à bord du navire français L’Archimède, sur la Rivière des Perles au large de l’île de Huangpu). Il ajoute à ses bagages tout le matériel utile à la réalisation de daguerréotypes. Le 24 octobre 1844, il immortalise la signature du traité en réalisant une série de portraits. Un témoin, Charles Lavollée, raconte (1)« Les mandarins se prêtèrent volontiers à la pose qu’il fallut exiger d’eux. Le soleil était très favorable, mais le tangage opposait à la netteté du dessin un obstacle presque insurmontable. On essaya pourtant. La seconde épreuve donna un résultat très convenable et les Chinois demeurèrent stupéfaits devant cette reproduction fidèle et rapide, dont ils ne pouvaient s’expliquer le secret ».

 

Jules Itier : Grands mandarins de Canton – 21 novembre 1844. Image Musée français de la Photographie

Comme un voyageur d’aujourd’hui, Jules Itier profite de tous ses instants de liberté pour découvrir Macao et fixer par l’image les paysages qui s’offrent à ses yeux. Le 28 octobre 1844 (2), il écrit dans son journal : « J’ai employé ma journée à prendre au daguerréotype les divers points de vue qu’offrent Macao et ses environs ; les quais de Praja-Grande, la grande pagode, le port intérieur, les rues du Bazar m’ont offert d’intéressants sujets. »

 

Jules Itier avait à cette époque déjà réalisé plusieurs voyages au cours desquels il avait réalisé des images, mais Il ne reste aujourd’hui aucune trace des photos prises en Afrique lors de ses premières expéditions. On dénombre toutefois près de 130 plaques référencées pour l’Asie et l’Égypte, dont 37 au musée  français de la Photographie.

 

Jules Itier : Vue prise de Macao – Entre 1843 et 1846. Image Musée français de la Photographie

Conçue pour être itinérante, l’exposition sera par la suite présentée dans trois villes de Chine (Pékin, Lishui et Wuhan), entre décembre 2012 et mars 2013.

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(1) Voyage en Chine, Paris, Just Rouvier/A. Ledoyen, 1852, p. 303
(2) Journal d’un voyage en Chine en 1843, 1844, 1845, 1846, Premier volume, Paris, Dauvin et Fontaine, 1848, p.331

 

 

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