Dix-huit longs métrages sur pas loin de cinquante ans d’activité, la filmographie de Roman Polanski est finalement assez limitée en nombre, et souvent des « gaps » de plusieurs années séparent ses films. Ainsi, comme je n’avais pas vu Oliver Twist (ça ne me disait rien), c’est depuis Le Pianiste (magnifique film…), c’est-à-dire 2002, que je n’avais rien vu de Polanski. Donc : The Ghost Writer.
L’histoire : Un « nègre » est engagé par une grosse maison d’édition (ce qui nous vaut une savoureuse scène d’ouverture sur les mœurs éditoriales…) pour terminer les mémoires d’Adam Lang, ancien Premier ministre britannique, après la mort d’un premier rédacteur dans un mystérieux accident. Le temps presse, on ne lui donne qu’un mois pour « rewriter » un gros tapuscrit de quelque 500 pages. En plein hiver, le « nègre » se rend pour travailler sur le projet dans la maison où réside Lang, avec sa femme Ruth et son assistante (et maîtresse) Amelia, maison située sur une île au large des côtes du Connecticut. Mais le jour même de son arrivée, un ancien ministre du cabinet Lang accuse celui-ci d’avoir autorisé l’arrestation illégale de terroristes présumés et de les avoir livrés à la CIA qui les aurait soumis à la torture. La controverse ameute des journalistes et des manifestants sur l’île. Au cours de son travail, le « nègre » découvre des indices qui l’amènent à penser que son prédécesseur aurait mis au jour un sombre secret reliant Lang à la CIA… Ça finit mal (évidemment).
The Ghost Writer (encore une fois, on aurait pu traduire le titre…) est l’adaptation cinématographique de L’Homme de l’ombre, du romancier et journaliste anglais Robert Harris, publié en français chez Plon. En 2007, Harris avait envoyé à Polanski un exemplaire de L’Homme de l’ombre avant même qu’il ne soit publié, et les deux hommes ont collaboré sur le scénario.
Excellent film à suspense, avec tous les ingrédients du genre, soigneusement appliqués mais aussi revus et corrigés à la manière Polanski, qui donne immédiatement à l’angoisse une qualité métaphysique.
« Le lieu où échoue le nègre nous ramène à son obsession du huis clos : il s’agit d’une luxueuse villa vitrée, coupée du monde, nichée sur une île, ghetto symbolique où se retrouvèrent nombre de ses personnages, réfugiés ou cernés sur un bateau, dans un appartement, dans une maison ou un château. » écrit Jean-Luc Douin dans le Monde.
Et effectivement, ce décor où se passe l’essentiel de l’histoire fait beaucoup pour construire l’atmosphère, avec cette maison luxueuse certes mais fort peu hospitalière, son décor minimaliste (verre, béton, formes rectilignes), son personnel revêche (à part le jardinier).
Très bonne interprétation, Ewan McGregor joue l’écrivain fantôme – qui, pour accentuer son état, n’a pas de nom – et Pierce Brosnan, l’ex-James Bond, le ministre déchu. Dans le rôle de la secrétaire, Kim Catrall, la Samantha de Sex & the City, est très bien aussi.
On peut visiter le site officiel du film.
Images Allociné.