Chiroptera Superstar

logonuitOyez tous, le week-end prochain, samedi 29 et dimanche 30 août, ce sera partout en Europe la Nuit de la Chauve-Souris ! Les chauves-souris ne connaissant pas les frontières, plus d’une trentaine de pays participent à cette manifestation organisée sous la coordination d’Eurobats – je n’invente rien – c’est le secrétariat de l’accord européen relatif à la protection des chiroptères (accord qui remonte à 1991). Animations dans de nombreux sites en France.


L’ordre des chiroptères (Chiroptera) regroupe des mammifères volants, communément appelés chauves-souris. Il est le deuxième ordre des mammifères avec près d’un millier d’espèces (dont 33 présentes en France), n’étant devancé que par l’ordre des rongeurs auquel il est parfois associé. Ces animaux, comme les cétacés, sont capable d’écholocation, phénomène qui consiste à envoyer des sons et à écouter leur écho pour localiser et dans une moindre mesure d’identifier les éléments de leur environnement.

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Chez les Indiens Zapotèques, le dieu Murciélago était associé à la fertilité et au dieu du maïs Pitaocozobi. Image Arte Historia

Les chauves-souris ont souvent mauvaise presse mais ce n’est pas toujours le cas. Ainsi dans le Mexique préhispanique, le culte du dieu Murciélago (chauve-souris) commence vers 500 av. JC. Dans de nombreux sites d’Amérique centrale, il existe des représentations de ce dieu sur des sculptures, des vases de céramique, des peintures et des codex. Et l’image de la chauve-souris, animal associé à l’obscurité, à la terre et à la mort, ainsi qu’à des rites de décapitation, a donné son nom à diverses peuplades et périodes du calendrier.Autrefois en Europe, les chauves-souris étaient considérées comme les esprits des morts maudits, des êtres nocturnes qui sortaient des tombes pour aller sucer le sang des vivants : des vampires, en somme. Les artistes du Moyen Age les représentaient sous forme de démons luxurieux, animés du désir d’épuiser la sève du corps humain, en relation étroite avec les forces nocturnes du mal.

En Amérique préhispanique, au contraire, le culte du dieu chauve-souris était très répandu. Il faut noter que par opposition aux divinités associées aux notions de lumière, de ciel et de vie, il existait aussi des dieux du monde souterrain, liés à la nuit, à la terre et à la mort, comme aussi plusieurs animaux : la chauve-souris, l’araignée, le hibou et le scorpion. Dans cet infra-monde, les Aztèques situaient la demeure des disparus, le Mictlan, où régnait Mictlantecuhtli, le seigneur des morts.

Les représentations de cet animal sont donc fréquentes en Amérique centrale, et il porte différents noms dans les langues indigènes préhispaniques : par exemple, tzinacan en náhuatl ; zotz en maya (d’où vient le nom du peuple zotzil) ; bigidiri beela ou bigidiri zinia (« papillon de chair ») en zapotèque (région d’Oaxaca).

Selon une légende, le tzinacan est né de la semence et du sang répandu par le dieu Quetzalcóatl lors d’un de ses auto-sacrifices. Il est alors chargé de prélever par morsure les organes génitaux de la déesse Xochiquétzal, et lorsque c’est fait, il les apporte aux dieux, qui les lavent, et de cette eau naissent des fleurs parfumées. Ensuite ils les envoient à Mictlantecuhtli, le seigneur des morts, qui les lave à son tour et de cette eau naît le cempoalxóchitl, la fleur des morts. (NDLR : Il s’agit d’une sorte d’œillet d’Inde de couleur orangé très vif, qui est resté la fleur des morts dans la fête célébrée encore de nos jours au Mexique à la Toussaint.)

D’après l’article de l’archéologue María Teresa Muñoz Espinosa

En annexe : légende mexicaine de la chauve-souris (région d’Oaxaca).

Images Wikipedia sauf indication contraire

Une réflexion au sujet de « Chiroptera Superstar »

  1. Quand j’étais enfant et au début de mon adolescence, à la campagne, il m’étais arrivé quelques fois d’apercevoir des chauves-souris. En général nous en avions peur : on disait qu’elles s’agrippaient aux cheveux et qu’on ne pourrait plus les enlever, qu’elles suçaient le sang, etc. Je me souviens de la panique un soir où l’une d’entre elles étaient entrée dans la cuisine.
    Je n’avais plus vraiment entendu parler de chauves-souris jusqu’à l’an dernier. Pendant que je parlais à mon ami Alexander, à Londres, souvent il m’a demandé de l’attendre deux ou trois minutes car une chauve-souris venait de tomber dans la cheminée de son salon. Chaque fois, il s’empressait de la recueillir, de la nettoyer avant de la déposer sur son balcon d’où, après avoir retrouvé ses esprits, elle pourrait s’envoler… Deux ou trois fois, il avait été très malheureux en rentrant chez lui car unechauve souris était tombée dans la cendre alors qu’il était absent ; il était arrivé trop tard pour la sauver.
    Je lui avais suggéré de faire installer sur le bout de sa cheminée, sur le toit, un grillage qui empêcherait les chauve-souris de tomber à l’intérieur. Il trouvait que c’était une très bonne idée… Malheureusement, pour elles, pour lui, pour moi, Alexander n’a pas eu le temps de faire installer ce grillage… Alexander était donc aussi l’ami des chauves-souris et de tout ce qui vit.

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