Où va la Grèce ?

 

 

Je reviens d’une quinzaine passée en Grèce, qui a été particulièrement chaude, au sens propre (plus de 35° constamment avec un vent violent) comme au figuré (l’actualité électorale que l’on sait). Je n’y étais pas retournée depuis octobre dernier ; la situation, entre temps, a empiré, avec notamment des manques scandaleux, comme celui de certains services hospitaliers à fournir aux malades les médicaments nécessaires…

 

Le métro athénien, splendide et toujours nickel (pas un papier qui traîne), vide ce jour-là.

Je ne suis pas analyste politique et mon regard ne peut être que celui d’un observateur extérieur, indirectement impliqué par des relations personnelles avec ce pays. Les élections du 17 juin (à un seul tour) ont été précédées, pour beaucoup de Grecs, par une période de grande incertitude et d’anxiété : pour qui voter ? Toutes tendances confondues, ils étaient nombreux à renvoyer dos à dos la Nea Dimokratia et le Pasok, sans pour autant arriver à se décider pour l’option Syriza (le Front de gauche hellénique). Il faut dire que les partis « classiques » ont tout fait pour faire peur aux gens : Syriza, c’était au mieux le saut dans l’inconnu, au pire le bolchevik-couteau-entre-les-dents. Les débats, à la télévision, succédaient aux débats, personne n’écoutant personne (et c’est alors qu’a eu lieu l’épisode, répercuté en France, où un représentant du parti néo-nazi Aube Dorée a agressé physiquement deux députées). Les journaux télévisés consacraient 90 % de leur temps (insupportablement haché par des séquences publicitaires) à l’actualité électorale. La question d’une éventuelle sortie de la zone euro focalisait toutes les conversations.

A la sortie d’un tunnel routier à Athènes. A droite, slogans au pochoir du parti d’extrême-gauche Andarsya (Résistance). Les trois affiches annoncent un débat sur le thème « La rupture avec l’euro est-elle possible ? » A gauche, la pancarte est une publicité pour l’isolation des toits en terrasse.

 

Le résultat, on le connaît maintenant. Il faut vraiment se donner des coups de pied au bas du dos pour investir de l’espoir dans le gouvernement de coalition qui vient d’être formé par Antonis Samaras. « Théoriquement, et selon la ‘science’ politique classique, Syriza est le grand gagnant des élections, passant de 4,5 % aux élections de 2009, à 27 % hier », écrivait le 18 juin l’ethnologue Panayotis Grigoriou sur son excellent blog, Greek Crisis (en français). « Syriza pense pouvoir capter l’ensemble du centre gauche et de la dynamique anti-mémorandum : « le futur nous appartient car le futur dure longtemps, entre temps, nous ferons tout pour mettre en place des réseaux de solidarité et de la survie pour la population » a déclaré encore hier Alexis Tsipras [leader de Syriza]. Cette lecture des faits est juste. Chez l’Aube dorée on ne fait pas autre chose, les baffes en plus, la course au futur est lancée : Banques, Syriza, Aube dorée, et l’avantage indéniable est aux banques en ce moment ».

 

Et pourtant…

De quoi demain sera-t-il fait ? Pour le moment, une seule chose à faire, et je ne plaisante pas : aller en vacances en Grèce… Il ne manquerait qu’une chose au malheur grec et ce serait que les recettes du secteur touristique (15 % du PNB du pays) s’effondrent.

 

Lire l’analyse de Greek Crisis « La queue du diable » en date du 21 juin

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