J’écris toujours le même livre ; seuls les mots changent.
Eric Chevillard
J’ai lu à ce jour, et sur l’espace total de deux ans environ, trois livres de l’auteur québécois Jacques Poulin : Les Grandes Marées, Le Vieux Chagrin, Chat sauvage (les trois dans la collection Babel chez Actes Sud). Pour donner une idée des histoires que racontent ces romans, quelques lignes extraites des « quatrièmes de couverture » » :
Les Grandes Marées (1978)
« Au commencement, il était seul dans l’île. Il avait un nom de code, Teddy Bear, et il s’en servait pour communiquer avec l’hélicoptère du patron : tous les samedis, le patron lui apportait du travail et des provisions pour la semaine. Il restait encore de la neige dans les sous-bois, mais les grandes marées d’avril avaient emporté les glaces de la grève. Parfois, des volées d’oies blanches venaient se poser sur la batture, du côté nord. » Bientôt pourtant, le havre de paix de ce traducteur de bandes dessinées va être envahi par des individus plutôt loufoques, par une jeune femme belle, mystérieuse et indépendante avec qui il se lie d’amitié… et il en sera terminé de sa solitude créatrice.
Le Vieux Chagrin (1989)
Sur les rives du Saint-Laurent où il vit retiré en compagnie du chat « Vieux Chagrin », un écrivain épie jusqu’à l’obsession l’inaccessible silhouette d’une jeune femme dont le voilier est venu mouiller dans une anse du fleuve. Un exemplaire des Mille et Une Nuits, abandonné dans une grotte proche, est la seule preuve tangible de l’existence de cette muse récalcitrante, à laquelle se substitue bientôt une enfant malheureuse venue trouver, auprès de l’écrivain, refuge et réconfort. Tandis que l’oeuvre tant désirée s’élabore lentement, le narrateur se laisse prendre en otage par la confusion du réel jusqu’à y découvrir l’inspiration.
Chat sauvage (1998)
Installé au cœur de Québec, un écrivain public mène une existence heureuse en compagnie de son amie Kim. Un jour, il reçoit la visite d’un homme âgé, d’allure étrange, qui lui demande d’écrire une lettre à sa femme avant de disparaître mystérieusement. Jack ressent le besoin de retrouver sa trace et commence une filature discrète dans les rues de la Vieille Capitale. Au terme de sa quête, sa vie prend une direction à laquelle il ne s’attendait plus.
En revenant sur ces trois résumés, je m’aperçois que leur publication s’étend sur une période d’une vingtaine d’années. Malgré tout, il y a entre eux de grandes similitudes. Au travers de ces trois romans, on voit se dessiner le personnage principal (qui, dans les deux derniers cas, est aussi le narrateur) : un homme plutôt solitaire – bien que le héros de Chat sauvage soit moins isolé que les deux autres –, plutôt mélancolique, travaillant dans un domaine intellectuel, aimant la compagnie des chats.
Rien là de bien original, dira-t-on. Mais tout est dans la manière de dire, et Poulin a la manière, simple et sobre, qui donne bien à voir, à sentir plutôt, le rapport au monde de son personnage, légèrement décalé, comme s’il n’était pas vraiment là, plutôt désabusé, revenu de bien des choses, et pourtant prêt à accueillir, de ses congénères, toute preuve d’humanité.
Images : Amazon
je ne connais pas du tout cet auteur, j’ai très envie de lire les 2 derniers !!! aie aie ie ma pauvre « liste à lire » va prendre du poids !
mais j’avoue que je supprime des titres qui ne me disent plus rien parfois 🙂