Par delà les Colonnes d’Hercule

Les Colonnes d’Hercule, c’est le nom donné, dans l’Antiquité, aux montagnes qui bordaient le détroit de Gibraltar : le Rocher de Gibraltar (Calpée en latin) au Nord, sur la rive européenne, et le mont Abyle (Mons Abyla), aujourd’hui Jbel Musa, au Sud, sur la rive africaine. (Le nom de Gibraltar n’apparaît qu’à compter de 711; il vient de l’arabe Jebel Tariq, la montagne de Tariq, nom du premier conquérant musulman ayant mis pied en Espagne.) Elles portent ce nom car, selon la légende, Hercule aurait fendu le roc à cet endroit, formant ainsi le détroit.

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L’histoire se passe lors de l’un des douze travaux d’Hercule ou, comme je préfère le nommer, Héraklès, celui durant lequel il dut récupérer les bœufs de Géryon, monstre au triple corps  – en fait trois têtes et trois paires de jambes reliées à un « tronc commun » – pour les ramener à Eurysthée qui les offrit à Héra en sacrifice. Héraklès, pour se procurer les bœufs de Géryon, dut voyager jusqu’aux extrêmes confins de l’Occident. Hélios admira tant la témérité d’Héraklès qu’il lui donna sa nacelle d’or dans laquelle il avait l’habitude de naviguer jusqu’à l’île d’Érythie.

Le périple d'Héraklès - source : http://www.perseus.tufts.edu/Herakles/cattle.html

Le périple d’Héraklès – source : http://www.perseus.tufts.edu/Herakles/cattle.html

Les Colonnes d’Hercule ont eu une grande importance dans la pensée grecque. Elles constituaient une sorte de frontière naturelle du monde connu, allant d’Est en Ouest de l’Inde aux colonnes d’Hercule et du Nord au Sud de l’Ethiopie au Palus Méotide (ancien nom de la mer d’Azov). C’est un lieu symbolique, car il sépare non seulement la Méditerranée de l’océan Atlantique, mais aussi le monde habité du monde inconnu.

Le premier navigateur qui osa s’aventurer au-delà des Colonnes d’Hercule est le Carthaginois Hannon, au Vème av. J-C. On possède un récit de son voyage, mais qui a été écrit beaucoup plus tard et où la description se mélange avec le fantastique. Selon certains, Hannon aurait pu réaliser la circumnavigation de l’Afrique. Un second voyageur osa s’aventurer au-delà des Colonnes d’Hercule, mais pour aller vers le Nord. Il s’agit de Pythéas, originaire de Marseille (à l’époque une colonie grecque) qui accomplit, au IVème siècle av. J.-C., un périple qui le conduisit dans les îles britanniques et plus au Nord encore, peut-être en Islande ou dans les îles Féroé. Le récit de son voyage n’est connu que par des sources secondaires.

En dehors de la réalité géographique mentionnée par les auteurs anciens, la localisation des colonnes d’Hercule relève également du mythe ; elles ont pu être situées selon différentes traditions, souvent ésotériques, en différents lieux selon les mythes qu’elles rejoignent.

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Carte Spruner, 1865 – source : http://www.mediterranees.net

Récemment, le géologue Jacques Collina-Girard a émis la théorie que Platon se serait inspiré, pour écrire l’histoire de l’Atlantide, de ce qui n’est maintenant qu’un haut fond situé au débouché ouest du détroit de Gibraltar. En effet, vers 17000 avant JC, le niveau de la mer (qui était de 135 m plus bas que de nos jours) découvrait une île de 14 km de long sur 5 km de large. Elle aurait été habitée par une population paléolithique qui aurait été contrainte de diminuer à cause de la montée progressive des eaux. Selon Collina-Girard, la tradition orale aurait conservé le souvenir de cette terre disparue, et Platon l’aurait utilisée pour les besoins de sa fable.

Je me suis souvenue récemment d’un roman pour enfants lu il y a mille ans, peut-être était-ce un volume de la Bibliothèque Rouge et Or, mais je ne me rappelle ni du titre, ni de l’auteur… (*) Toujours est-il qu’il y était question des Colonnes d’Hercule et de leur possible localisation ; je pense que le livre mentionnait les Iles Scilly ou Sorlingues, ou peut-être les îles Cassitérides, dont l’emplacement n’est pas non plus bien certain. C’est peut-être de cette époque que remonte mon attirance pour les Cornouailles (où je ne suis jamais allée), confortée ensuite par la lecture de Daphné du Maurier.

 

Extrait de la Géographie de Strabon, III, 1

7. Entre la partie du littoral ibérien, où sont situées les embouchures du Baetis et de l’Anas, et l’extrémité de la Maurusie, une irruption de la mer Atlantique a formé le détroit des Colonnes d’Hercule, qui fait communiquer aujourd’hui la mer Intérieure avec la mer Extérieure. Or, près de là, chez les Ibères Bastarnes (les mêmes qu’on nomme aussi Bastules), s’élève le mont Calpé qui, sans avoir un grand circuit à sa base, s’élève en forme de pic à une telle hauteur, qu’on le prend de loin pour une île. Quand on va pour sortir de notre mer Intérieure et pour entrer dans la mer Extérieure, on a cette montagne tout de suite à droite, puis un peu plus loin, à quarante stades, on aperçoit Carteia, ville considérable et d’origine ancienne, connue pour avoir été naguère l’une des stations navales des Ibères. Quelques auteurs en attribuent la fondation à Hercule, et Timosthène, qui est du nombre, ajoute qu’elle s’appelait primitivement Héraclée, et qu’on peut juger de ce qu’elle était naguère par le grand mur d’enceinte et les belles cales qu’on y voit encore.  (Source : site Méditerranées).

Sources : Wikipedia, Mythologie gréco-romaine

(*) PS écrit le 6 août. La mémoire est une chose étrange ; alors que je ne pensais plus du tout à cette note, écrite il y a plusieurs semaines, un titre m’est revenu à l’esprit : « Le Mercure d’Or ». C’est un livre de Jean Ollivier, paru effectivement dans la collection « Rouge et Or ». 

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