Météora, film de Spiros Statholopoulos
Est-ce en raison des difficultés actuelles de la Grèce et pour s’en évader que le réalisateur a choisi une histoire aussi totalement intemporelle ? Au cœur du pays, en Thessalie, les monastères des Météores trônent depuis le 14e siècle sur des colonnes de grès vieilles de millions d’années, comme suspendus entre ciel et terre. Dans les vallées qu’ils surplombent, les cycles éternels de la vie paysanne contrastent avec le monde austère des religieux. Le moine Théodoros et la nonne Ourania ont voué leur existence à Dieu, mais une attirance grandissante les pousse l’un vers l’autre et ils se retrouvent déchirés entre dévotion spirituelle et désir charnel…
On pourrait être aussi bien au Moyen Age ou au 19e siècle. Ce n’est que furtivement par un indice (un appareil employé par l’éleveur dans le processus d’écorchage du mouton mis à mort) que l’on saura être aujourd’hui. Pas une voiture, pas une machine. Des rituels sans âge, des systèmes primitifs comme ce filet au bout d’une corde, qui sert à remonter, vers le couvent de femmes, aussi bien une fournée de pains qu’une nonne, sortie de là par quel subterfuge ?
Le film, lent et répétitif à souhait (mais je ne déteste pas ça si c’est justifié…) ne raconte pas une histoire, il évoque une situation. Nous ne savons rien, ou presque, des deux protagonistes : elle est d’origine russe, lui s’intéresse aux musiques traditionnelles que joue un paysan à la flûte, c’est à peu près tout. Comment se sont-ils rencontrés, on n’en sait rien ; peut-être croisés dans une église (il semble que les religieux aillent à la même que les gens du village). Qu’adviendra-t-il d’eux, on n’en saura rien non plus. Ils communiquent de loin en s’envoyant des reflets lumineux à l’aide de surfaces métalliques (une nonne ne saurait avoir de miroir).
Les paysages sont sublimes, écrasants par ce sublime même. Heureusement, le film est ponctué par des séquences réalisées en animation, dans le style des anciennes icônes ou même des mosaïques byzantines : scènes ludiques, légères et d’une beauté inattendue.
(images Allociné et Wikipedia)