On commence le parcours au cœur de la nuit, dans une salle aux murs peints de noir, où sont exposés manuscrits et livres, tous venant illustrer l’histoire d’un livre hors du commun, littéralement sans pareil : les Mille et une Nuits, Alf Laylah wa-Laylah, auquel l’Institut du Monde Arabe consacre une exposition à sa mesure.
« Ce chef d’œuvre de la littérature mondiale constitue un lien exceptionnel entre Orient et Occident. Ce livre ‘sans fin’ ou ‘avec toutes les fins’, a une histoire aussi curieuse, riche et prodigieuse que les péripéties des contes qu’il recèle et dont les sources sont, elles aussi, multiples », souligne l’IMA. L’histoire des Mille et une Nuits, c’est avant tout l’aventure d’un texte, dont l’origine se perd dans la nuit des temps, mais qui est mentionné dès le 10e siècle par Al-Massoudi, le savant arabe auteur des Prairies d’Or, une sorte d’encyclopédie en son temps.
(Illustration de Sani ol-Molk pour les Mille et une Nuits, image Wikipedia. NB : WordPress a changé son interface et je suis paumée, impossible d’intégrer une légende à l’image…)
« Véhicule de mythologies et de croyances propres à l’Orient, [le livre des Mille et une Nuits] est un témoin culturel unique. Il est à l’origine d’une multitude d’images de l’Orient – vraies et fausses –, de clichés, façonnés par l’Occident, qui constituent une sorte de thésaurus dans lequel puisent les imaginations de générations entières d’artistes et de créateurs qui, tout à la fois, s’en nourrissent et viennent l’enrichir encore… »
On sait qu’en France, la première traduction a été réalisée par Antoine Galland, qui en a publié douze volumes de 1704 à 1715. Version elle-même rapidement traduite ensuite dans la plupart des langues européennes. Ce qu’on sait moins, c’est que Galland a ajouté au livre initial des contes traditionnels qui font partie aujourd’hui des titres les plus connus du recueil, comme Aladin et la lampe merveilleuse ou Ali Baba et les quarante voleurs. Galland a aussi beaucoup édulcoré le texte original, l’expurgeant des passages jugés trop licencieux. Deux siècles plus tard, la traduction du Dr Mardrus allait tomber dans l’excès contraire…
(Shéhérazade et le Sultan, aquarelle de Kay Nielsen)
L’exposition de l’IMA donne à voir tout cela à travers un ensemble remarquable, non seulement de manuscrits et ouvrages imprimés, mais aussi de peintures, dessins, gravures, films (de Méliès à Pasolini), objets d’art, etc. Elle fait la part belle (et méritée) aux superbes illustrations réalisées au début du 20e siècle pour le livre (je pense notamment à celles de François-Louis Schmied en 1927, ou celles de E.J. Detmold), ainsi qu’aux costumes conçus en 1910 par Léon Bakst pour le ballet Shéhérazade de Rimsky-Korsakov.
(Décor et costumes de Léon Bakst pour Shéhérazade)
Le parcours, aussi sinueux que les digressions du conte, se poursuit avec plusieurs sections thématiques : l’amour bien sûr, la guerre aussi, enfin le « monde intermédiaire » des djinns et des fées, des animaux mythiques et des créatures surnaturelles. On peut également écouter les célèbres contes dans une salle réservée. On pourra simplement méditer sur la parole de Michel Butor : « Tout écrivain est Shéhérazade. »
(Livre illustré par François-Louis Schmied)
J’y suis allé il y a quelques temps déjà, avec conférencière. Hélas, celle-ci se contentait un peu trop de simplement décrire ce que nous étions en train de regarder ce qui n’avait guère d’utilité.
Du coup, moi grand amateur de ce texte dont j’ai lu toutes les traductions françaises, j’ai été assez frustré. J’aurais dû me contenter d’une visite simple en solitaire.
J’en ai aperçu une qui faisait de même, en effet… Superflu !
Si vous avez été voir l’exposition « les Mille et une Nuits », je vous invite à remplir ce questionnaire que j’ai réalisé dans le cadre de mon mémoire.
Merci
https://docs.google.com/forms/d/1UIA_FqmWuP6iDiC1LPhrs1I6x0qQ21OpOLCwlkhHjBA/viewform