Pas si longtemps qu’on a vu une expo Soutine à Paris : c’était en 2008 à la Pinacothèque – mais des belles choses, on n’en a jamais trop ! Cette nouvelle rétrospective intitulée L’ordre du chaos est organisée à partir de vingt-deux tableaux de Soutine réunis par le marchand Paul Guillaume à partir de 1922 et conservés par le musée de l’Orangerie (qui ne dit pas grand-chose sur son site, voir plutôt l’info sur celui du musée d’Orsay).
Étrange personnage que Chaim Soutine avec toutes les légendes qui l’entourent, né en 1893 (ou 1894 ?) en Lituanie (ou en Biélorussie ?), arrivé à Paris en 1913, mort prématurément en 1943, ami de Modigliani (qui en a fait plusieurs portraits)…
Rien de spécial dans la manière dont sa peinture est présentée à l’Orangerie : simplement thématique (paysages, portraits, natures mortes…) mais justement, ne pas se prendre la tête à ce sujet laisse le regard plus libre. Peinture tourmentée, meurtrie, bouleversée, infiniment mouvante. « Il y a toujours du vent, de l’ouragan chez Soutine, et même du tremblement de terre, un grand chamboulement. Tout est diagonal et giratoire chez lui : les maisons vacillent, les toits chavirent, les routes folles se tordent de douleur, la terre a mal », dit très bien mon collègue Lunettes Rouges.
Personnellement, je suis davantage attirée par ces paysages chamboulés, justement, que par les portraits. Ces paysages, eux aussi, subissent des transformations singulières, comme des étirements ou des torsions, comme celles d’un corps humain souffrant. Par certains aspects, et alors que leurs techniques picturales ne se ressemblent vraiment pas, Soutine me fait penser aussi à un autre peintre que j’aime beaucoup, Egon Schiele. J’aime aussi chez Soutine le fait qu’il ose utiliser le rouge vif, comme certains autres peintres que je distingue pour cette raison (de Staël, Nolde…)
(images ABC Gallery et History of Art)