Je viens d’achever la lecture de Death comes to Pemberley, de P.D. James, un livre qui est à la fois complètement dans la lignée du vaste catalogue de cet auteur britannique de romans policiers, et tout à fait particulier. Sa parution en français est annoncée pour juin 2012 chez Fayard – annoncée par Amazon, car je n’ai pas pu découvrir sur le site de cet éditeur la moindre trace de ce livre. C’est donc au site de Hachette Canada que j’emprunte le résumé qui suit.
«
Dans La mort s’invite à Pemberley, [P.D. James] associe sa longue passion pour l’œuvre de Jane Austen à son talent d’auteure de romans policiers pour imaginer une suite à Orgueil et Préjugés, six ans après la fin du roman, et y camper une intrigue à suspense. Elle le fait avec une grande fidélité aux personnages d’Austen et, en même temps, dans le plus pur style de ses romans policiers.
Rien ne semble devoir troubler l’existence ordonnée et protégée de Pemberley, le domaine ancestral de la famille Darcy dans le Derbyshire, ni perturber le bonheur conjugal de la maîtresse des lieux, Elizabeth Darcy. Elle est la mère de deux charmants bambins, sa sœur préférée, Jane, et son mari, Bingley, habitent à moins de trente kilomètres de là, et son père adulé, M. Bennet, vient régulièrement en visite, attiré par l’imposante bibliothèque du château.
Mais le climat s’alourdit soudain lorsqu’à la veille du bal d’automne, un drame contraint les Darcy à recevoir sous leur toit la jeune sœur d’Elizabeth, Lydia, et son mari, Wickham, que leurs frasques passées ont rendu indésirables à Pemberley. Avec eux s’invitent la mort, la suspicion mais aussi le romanesque. »

Portrait de Jane Austen publié en 1870 dans « A Memoir of Jane Austen », et gravé d’après une aquarelle de James Andrews de Maidenhead, elle-même tirée d’un dessin de Cassandra Austen. Image Wikipedia
L’intrigue policière du roman (dont ce qui précède ne représente que les cinq premières minutes) peut sembler passablement entortillée, et les motivations des personnages difficiles à saisir, mais peu importe. Ce livre n’est pas un whodunit et si le lecteur va jusqu’au bout, ce n’est pas essentiellement pour savoir qui est l’assassin (car il y a bien eu meurtre). L’intérêt principal, c’est le tour de force réalisé par Phyllis Dorothy James, qui fêtera bientôt ses 92 ans, en donnant une suite au plus célèbre roman de Jane Austen. Imaginons par exemple que Fred Vargas, qui n’a certes pas le même âge, écrive une suite à Eugénie Grandet, qui serait à la fois une énigme policière avec tous les canons du genre, mais dans le style d’écriture des années 1830…
Car c’est là le pari gagné par P.D. James : (pour autant que je puisse en juger, comme je ne suis pas de langue maternelle anglaise), elle réussit à adopter le style de Jane Austen, avec quelque chose de son énonciation quelque peu sentencieuse. À recréer non seulement l’atmosphère de l’Angleterre du début 19e – ce que peut et doit faire tout roman historique – mais aussi à tenir compte dans son récit de l’enquête de toutes les contraintes dues au changement d’époque. Encore mieux : à utiliser ces contraintes pour les besoins de la cause. Chapeau !