Sorcellerie à tous les étages

Voilà que de partout, des eaux, des monts, des bois,
Les larves, les dragons, les vampires, les gnomes,
Des monstres dont l’enfer rêve seul les fantômes,
La sorcière, échappée aux sépulcres déserts,
Volant sur le bouleau qui siffle dans les airs (…)
Victor Hugo, Ronde du Sabbat (Odes et Ballades, 1823-1828).

« On se lasse de tout excepté d’apprendre », disait Virgile. J’aime toujours autant (bien qu’avancée en âge…) apprendre des mots nouveaux. Ainsi cette « dagyde », poupée ou figurine servant à jeter des sorts ou pratiquer des envoûtements, un mot que j’ai rencontré dans l’exposition du Musée de la Poste, Sorcières – mythes et réalités. Dagyde… mot étrange à mes yeux, avec sa symétrie organisée autour du i grec central, et le son glissant, curieusement étiré, que produit son énonciation…

Cette exposition évoque le phénomène en France, du Moyen Âge à nos jours, suivant des approches artistique, historique et ethnographique. Habilement en effet, elle commence par l’imaginaire de la sorcellerie, à travers des œuvres picturales des 18e et 19e siècles, avant d’aborder les aspects historiques et anthropologiques, en élargissant le champ à celui des superstitions et pratiques magiques de toute sorte.

L’objet de l’exposition était risqué : on peut facilement verser dans le spectaculaire, dans l’anecdotique, dans le gore. Mais elle évite ces écueils et nous pousse à interroger les stéréotypes que nous portons tous, à travers les représentations des peintres (Les trois sorcières de Jean-Claude Aujame, la Ronde du Sabbat de Louis Boulanger, le Sabbat de Mabichon de Claude Nozerine) et des cinéastes (belle collection d’affiches et série de six dessins au fusain réalisés par Robert Herlth pour le Faust de Murnau – ci-dessous).

A signaler aussi, le curieux ensemble de toiles intitulé Les Sorcières du Labourd, œuvre réalisée par le peintre espagnol José de la Peña en 1938 pour illustrer les scènes décrites dans le Tableau de l’Inconstance des mauvais anges et démons (1612) de Pierre de Rosteguy de Lancre. Celui-ci avait été envoyé au début du 17e siècle par le roi Henri IV au Pays Basque à la tête d’une commission chargée de « purger le pays de tous les sorciers et sorcières sous l’emprise des démons, et de faire la lumière, en particulier à Saint-Jean-de-Luz, sur les actes des réfugiés juifs et mauresques expulsés d’Espagne et du Portugal, mais aussi sur les mœurs réputées libres des femmes de marins en l’absence de leurs maris, et sur les comportements des guérisseuses et cartomanciennes. » (Wikipedia)

Claude Nozerine : Le Sabbat de Mabichon

On trouve également dans l’exposition des exemples de ce qui a pu se faire en France en matière de talismans, protections, grimoires (notamment les « Clavicules de Salomon »), méthodes d’envoûtement et d’exorcisme. Enfin le parcours s’achève dans une salle assez impressionnante où sont rassemblées, dans des vitrines murales, des pièces ayant appartenu à l’envoûteuse Madame P., qui officiait dans la Creuse jusqu’aux années 1950 : des statuettes de démons, et les fameuses dagydes, figures grossièrement taillées dans le bois et habillées de loques, traversées par d’énormes clous de charpentier.

NB : Pour une raison qui m’échappe, après avoir inséré dans cette note l’image de l’affiche, je n’ai pas pu en mettre d’autres. On dirait de la sorcellerie…

Suite du NB le lendemain : ça semble marcher de nouveau (mais 1 fois sur 2)

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