A thing of beauty
is a joy for ever.
John Keats
Lorsqu’un édifice est à la fois vaste, simple et fonctionnel,
lorsque ses volumes sont équilibrés,
lorsque ses matériaux sont nobles
et associent harmonieusement les couleurs,
lorsqu’il prévoit pour l’œil, à la fois, des échappées vers le dehors
et des replis vers le dedans,
lorsqu’il contient une quantité incroyable
de ce que des artistes de tous les pays et de tous les temps
ont produit de plus remarquable, de plus achevé,
lorsque tous ces objets sont disposés de la manière la plus heureuse
pour que le visiteur les rencontre,
alors on a affaire, assurément, à un lieu de beauté.
Je veux parler du Musée Calouste Gulbenkian que j’ai pu découvrir en passant quelques jours à Lisbonne. Gulbenkian, milliardaire du pétrole mort dans les années 1950, avait laissé des instructions pour qu’une fondation abrite et présente au public ses immenses collections d’art. Bien sûr, celui qui était surnommé « Monsieur Cinq pour cent » (à cause de la part qu’il détenait dans les champs pétroliers) n’était certainement pas un ange ni un enfant de chœur. Mais aujourd’hui ce qui nous est donné à voir, dans des conditions parfaites – je voudrais bien que certains musées français s’en inspirent… – transmet à l’humanité un tel message de beauté…
Disposées sagement en ordre chronologique, les pièces exposées commencent avec l’Égypte ancienne et s’achèvent avec la peinture occidentale de la fin du XIXe siècle (il semble que Gulbenkian n’ait guère été sensible à l’art de son propre temps…) en passant notamment par un magnifique ensemble d’objets d’art de la Chine et du Japon : porcelaines, tissus, paravents, écritoires et petits meubles laqués qui sont de pures merveilles. Une salle à part abrite une collection de bijoux, parures et verreries de Lalique.
En peinture, le musée possède des chefs d’œuvre tels que le Portrait de vieillard de Rembrandt et le Portrait d’Hélène Fourment de Rubens que Gulbenkian acquit en 1925 du musée de l’Ermitage de Leningrad, à une époque où le gouvernement soviétique vendait les collections réunies par Catherine II de Russie. Et je ne mentionne même pas tous les autres, les primitifs italiens, les impressionnistes, les Gainsborough et les Corot… Ni la sculpture avec la Diane de Houdon…
Etait présentée aussi, au moment de ma visite, une exposition temporaire sur le thème Quatre cents ans de nature morte : j’en reparlerai bientôt.
Le site du musée
(en portugais ou en anglais)
J’aime beaucoup ce que vous faites. Bonne continuation