Du vent dans les haubans


Le son que j’entends, alors que je travaille à la bibliothèque, est très faible et j’imagine, je ne sais pourquoi, être la seule à l’entendre (je n’en ai jamais parlé à personne). Ce sont de longs et bas mugissements, pas toujours sur la même note, de longueur inégale, et qui parfois s’enchaînent l’un à l’autre. J’ai longuement cherché ce qui pouvait produire ce bruit et j’ai pensé que cela devait provenir du vent – de l’air tout simplement – qui siffle dans les haubans attachés aux barres verticales, horizontales, obliques qui strient la façade du bâtiment. Cela pourrait être aussi les haubans d’un grand pont, en pleine campagne, et l’on s’est arrêté avant de le franchir, et le moteur s’étant tu, on n’entend plus que ce faible sifflement musical venu de très loin, en face de l’immensité vide du ciel. Ou bien encore ce serait le son produit par des instruments inconnus, dont joueraient les membres d’une peuplade primitive, qui ne vit pas ici, mais bien loin de l’autre côté des forêts. Et ils ne s’interrompent jamais, il s’en trouve toujours un pour prendre le relais du précédent, tandis que, la tête levée comme un lapin à l’orée du bois, j’essaie sans trop y croire de déterminer d’où proviennent les ondes sonores.

(photo de l’auteur)

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