J’ai appris récemment qu’un nouvel élément de mobilier urbain va être installé dans tous les quartiers de Paris. Il s’agit d’une machine qui distribue gratuitement des phrases élaborées par un ordinateur. On appuie sur un bouton et hop, la phrase inscrite sur un ruban de papier sort d’un orifice comme les images du photomaton. Sur option, on peut demander à ce que certains mots, que l’on saisira sur le clavier de la machine, soient intégrés à la phrase. Cette initiative est due au ministère de la Tranquillité Citadine, qui ne recule devant rien pour rendre la vie agréable et paisible aux habitants de la Ville Lumière. Les concepteurs réfléchissent déjà à des options supplémentaires : phrase délivrée sous enveloppe pour la confidentialité du message, phrase imprimée au jus de citron pour amateurs de cryptographie, etc. Il est question aussi de limiter la consommation à une phrase par personne et par jour. Un débat animé oppose ceux qui proposent de personnaliser les phrases en fonction de leur destinataire et ceux qui défendent la thèse d’une distribution aléatoire.
– Ah, mais vous savez comment sont les gens: on leur donne ça *montre son index* ils veulent ça *montre son avant-bras*.
– Dans le temps, pour entendre ça, on n’aurait eu qu’à aller au bistro.
– Oui mais des bistros, des comme avant, des vrais, y’en a plus.
– Ca c’est vrai. Patron! Tu nous remets ça, la machine, il y faut l’jus.