Beauté inaltérable

Je passais au bord de la Seine
Un livre ancien sous le bras
Le fleuve est pareil à ma peine
Il s’écoule et ne tarit pas
Quand donc finira la semaine
Apollinaire

Quand on aime les livres, on les aime de toutes les manières (même numériques, mais ce n’est pas le sujet du jour…) J’ai visité samedi 30 avril le Salon International du Livre Ancien. Cette manifestation existe depuis 1984 et se tient depuis 2007 au Grand Palais. J’y suis allée déjà plusieurs fois, pas tous les ans. En tout cas, j’ai pu constater chaque fois que des libraires du monde entier viennent y montrer des pièces exceptionnelles. Exceptionnelles par la rareté et par la beauté des reliures, des mises en page et des typographies. Bien sûr, c’est un salon, c’est-à-dire que l’on peut acheter les livres exposés, mais ils ne sont pas à la portée de tout le monde. Les prix commencent à quelques centaines d’euros et grimpent jusqu’à plusieurs dizaines de milliers… Mais qu’importe, ce qui compte ce n’est pas de posséder.

A titre d’exemple, j’ai admiré un livre unique (unique au sens littéral, c’est-à-dire qu’il n’en existe qu’un seul exemplaire…) intitulé A une fille des Tropiques : poème de Baudelaire mis en images en 1927 par Lucien Guy, qui a peint sur des plaquettes de bois exotiques sept peintures et sept encadrements et décors pour les sept strophes du poème. Je me souviens aussi d’un recueil de proverbes illustré par des gravures de Jacques Lagniet, paru vers 1650. Bonheur d’Internet, on peut consulter un exemplaire de ce livre sur le site American Libraries. Et ce qui est agréable aussi : les stands ne sont pas avares de catalogues et ceux-ci sont souvent presque aussi beaux que les livres qu’ils recensent !

Depuis quelques années, les organisateurs ont aussi mis en place des thématiques, et cette année il s’agissait du « politiquement incorrect », un thème bien nécessaire par les temps qui courent ! On pouvait aussi visiter un stand présentant des ouvrages extraits de la bibliothèque littéraire Jacques Doucet, créée par ce grand couturier, collectionneur et mécène. Consacré à la littérature française, depuis le symbolisme jusqu’à l’époque contemporaine, ce fonds réunit les noms les plus prestigieux, Baudelaire, Verlaine, Rimbaud, Mallarmé, Apollinaire, Reverdy, Cendrars, Breton et la plupart des surréalistes, avec des manuscrits et des documents de toute sorte (vu notamment deux lettres de Nadja à Breton, des carnets de Francis Ponge et un étrange rouleau enluminé de Jean Benoît).

Le SILA proposait également un cycle de lectures, intitulé « Une saison de Nobel », et j’ai eu la chance d’assister à celle consacrée à Gao Xingjian : mais ce sera l’objet d’une prochaine note.

Gravure extraite du "Recueil des plus illustres proverbes divisés en trois livres : le premier contient les proverbes moraux, le second les proverbes joyeux et plaisans, le troisiesme représente la vie des gueux en proverbes", Jacques Lagniet, Paris, 1663. Source Wikimedia Commons.

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