Les Incas et leurs prédécesseurs

Lorsque les troupes de Francisco Pizarro arrivèrent au Pérou en 1531, l’empire inca était déchiré par une guerre civile. En novembre 1532, à la bataille de Cajamarca, Pizarro capture l’empereur Atahualpa et le fit exécuter. Il faudra cependant plus de quarante ans pour briser les dernières tentatives de résistance : le dernier Inca, Tupac Amaru, fut pris et exécuté en 1572.

Masque funéraire en or laminé. Culture Sicán (800-1350 apr. J.-C.) Musée archéologique national Brüning, Lambayeque © Photo : Joaquín Rubio Roach

Mais les Incas n’ont dominé les Andes que durant un siècle (1400-1533). Lorsqu’ils s’installent dans la région de Cuzco au XIIIème siècle, dix civilisations s’y sont déjà succédé. Les Incas sont donc les héritiers de traditions complexes élaborées pendant plus de trois mille ans. Ce sont ces cultures que l’exposition actuelle de la Pinacothèque de Paris, L’Or des Incas, donne à voir et à comprendre (pour autant que faire se peut) : cultures mochica, nazca, sicán (dite aussi lambayeque), chavín, huari, paracas, chimú… Certaines pièces évoquent des sites archéologiques comme la tombe du « Seigneur de Sipán » découverte, en 1987, par Walter Alva, dans la Huaca Rajada, un complexe funéraire de la culture mochica abritant de nombreuses autres tombes.

Tissu de la culture paraca

Mise sous le signe de l’or, l’exposition abonde  certes en pièces de métaux précieux : couronnes, boucles d’oreilles (gigantesques), ornements pour le nez et le front, épingles, pièces de vaisselle rituelle, pectoraux, colliers, figurines ou ornements. Mais on peut y admirer aussi des céramiques (belles formes zoomorphes ou anthropomorphes), des instruments de musique et des pièces de tissu. Ces textiles dont la fragilité a traversé les siècles ne manquent jamais de m’émouvoir : il en est ainsi de cette broderie au point de tige, dont les couleurs vives (rouge, vert, jaune sur fond noir) sont restées intactes : parce que, dit un guide à côté de moi, les pigments employés étaient des oxydes métalliques.

La fête des morts, dessin de Felipe Guamán Poma de Ayala

 

Et comme je rencontre fréquemment des memento mori, voici une momie accroupie, saisissante, la tête étrangement couverte d’un voile noir. Elle est là pour évoquer la fête des morts, Aya Marcay Quilla, au cours de laquelle les cadavres étaient extraits des tombes et promenés à travers les villes et villages.

Cherchant des informations sur cette fête, je découvre les magnifiques dessins de Felipe Guamán Poma de Ayala, un chroniqueur indigène du Pérou de l’époque de la conquête. Son œuvre intitulée El primer nueva corónica y buen gobierno (Nouvelle chronique et bon gouvernement), achevée vers 1615, est une longue supplique adressée au roi d’Espagne, abondamment illustrée, et dont les dessins décrivent les conditions de vie des autochtones après la destruction de l’empire inca. Cette œuvre n’a été connue que trois cents ans après sa rédaction, ayant été découverte en 1908 dans les archives de la Bibliothèque Royale du Danemark ; et l’on ignore le cheminement qui l’y avait amenée.

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