Je veux vivre en paix avec tous,
les vivants et les morts.
Alain Rémond
Longtemps, le mercredi a été pour moi un jour faste, quand avec la sortie du nouveau Télérama (qu’est-ce que je leur fais comme pub, quand même…) je pouvais lire la chronique d’Alain Rémond « Mon œil » qui faisait mes délices. Une petite page pour ponctuer la semaine d’un regard plein d’humour et d’humanité, où la bienveillance n’empêchait pas l’exigence. Et quelle finesse. C’était le meilleur moment de lecture de mon hebdo et je le gardais pour la fin. Et puis Alain Rémond est parti vers d’autres horizons éditoriaux. D’ailleurs j’ai lu récemment une chronique de lui dans un magazine (je crois que c’était Philosophies), qui m’a beaucoup amusée parce qu’il racontait avoir entendu de travers « à Bakou » quand on disait « à bas coût » et que je croyais être la seule jusqu’ici à avoir fait cette erreur…
C’est pourquoi quand je suis tombée sur son récit autobiographique Chaque jour est un adieu (éditions du Seuil, collection Points), j’ai jubilé. Mais je ne m’attendais pas à ce que j’allais lire. Je dois le dire d’abord, je suis persuadée que c’est un récit sincère et véridique. S’il ne l’était pas, ce livre n’aurait aucun sens.
Ce n’est pas son intérêt littéraire qui m’a retenue. Bien sûr, c’est bien écrit. Sobre, juste, et on sourit souvent, même avec la gorge serrée. Car c’est surtout un témoignage, le témoignage du parcours de quelqu’un à une certaine époque (et je suis du même âge que Rémond, à peu de chose près), dans un certain milieu. Il dit les choses très simplement : dans sa famille bretonne, catholique, dotée de nombreux enfants, c’était sinon la misère, du moins une grande pauvreté. Et la famille a eu son lot de malheurs avec lesquels il faut bien vivre. A partir d’un (certain) âge, d’ailleurs, nous sommes tous des survivants.
Et ce qui est passionnant, aussi, c’est la manière dont Alain Rémond éclaire ses rapports avec la religion catholique, qui a imprégné sa jeunesse. Il faut savoir qu’il a même un temps songé à devenir prêtre, et a commencé à s’y préparer, notamment par un séjour dans un séminaire au Canada (Ste Agathe des Monts, au Québec). Je n’ai aucune affinité avec ce domaine, ce serait plutôt le contraire. Mais j’admire la lucidité avec laquelle Rémond, qui a pris ses distances d’avec sa religion d’origine (et surtout son Eglise), examine, analyse, décortique ses propres fluctuations – dans le récit qui suit, Un jeune homme est passé. J’aime aussi qu’il ne manque jamais de souligner son éloignement d’une conception doloriste et peccamineuse de la religion chrétienne. Au total, un livre honnête, un livre d’honnête homme. Et il faut voir comment il parle de Bob Dylan !!!
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Couverture du livre : Amazon
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