Et l’éternité même est dans le temporel
Et l’arbre de la grâce est raciné profond
Et plonge dans le sol et touche jusqu’au fond
Et le temps est lui-même un temps intemporel
Charles Péguy
« Le bois me chuchote son secret. Les arbres sont comme des corps humains, avec des parties dures comme les os, des parties tendres comme la chair, parfois résistantes, parfois fragiles. Je ne peux aller contre sa nature. Il ne me reste plus qu’à la suivre pour qu’elle accepte d’être ma complice. » Les paroles de Wang Keping témoignent d’une perception particulière, d’une connaissance intime du bois, et cette analogie a inspiré au sculpteur chinois le titre de son exposition : « La Chair des forêts » (jusqu’au 12 septembre au musée Zadkine).
A l’exception d’un bronze de 2009, fonte d’une oeuvre monumentale intitulée Renaissance, la sélection présentée est exclusivement constituée de sculptures en bois réalisées de 1989 à 2008. Wang Keping utilise des pièces de bois superficiellement brûlé puis poli, de sorte que, même provenant d’essences différentes (chêne, érable, peuplier, if…) elles sont toutes de la même couleur brun très sombre, presque noir. Elles sont aussi très lisses et donnent envie de les toucher.
Il crée des personnages hybrides, massifs, aux visages sans traits, des figures animées par l’énergie vitale du bois. Elles sont la révélation d’une « présence » dans les formes naturelles de l’arbre, avec ses branches, ses noeuds qui leur donnent vie. Des formes arrondies, organiques, qui m’ont rappelé celles de Henry Moore.
Né en 1949, autodidacte, Wang Keping est une figure emblématique du premier groupe d’artistes chinois non conformistes, Xing Xing (Les Etoiles) formé à la faveur du Printemps de Pékin en septembre 1979. Il s’est installé en France en 1984.
J’ai beaucoup aimé le site (réel) du musée Zadkine, que je ne connaissais pas, avec son petit jardin bien vert et sans fleurs, semé de sculptures, et où les chaises sont accueillantes à la visiteuse estivale. J’aurais un seul reproche à faire à l’exposition, c’est que l’espace qui lui est consacré (l’atelier de Zadkine) est fort exigu. C’est souvent le cas à Paris… Les pièces de Wang Keping gagneraient à être vues avec un certain recul (au sens littéral).
Merci; j’irai. Merci aussi pour votre blog.