Centralisation

Je suis le centre du monde. Je suis là au milieu, et le monde est rangé bien sagement tout autour, à ma droite, à ma gauche, devant moi, derrière moi, au-dessus (un ciel entier), au-dessous (des kilomètres jusqu’au centre de la Terre). Si je change de place, instantanément le monde s’adapte et se réorganise autour de moi à nouveau ; il n’est jamais pris de court. Si je m’en vais à l’autre bout de la Terre, comme cela m’arrive quelquefois, c’est pour y retrouver la même organisation, dont je suis incontestablement le centre puisque tout est disposé dans le même ordre autour de moi.

Je suis le centre du monde. Je m’éveille et c’est le matin : bien sûr, c’est le matin, puisque je m’éveille. Je m’endors et c’est la nuit : puisque je m’endors, c’est effectivement la nuit. A l’autre bout du monde, pendant ce temps, c’est le jour : bien sûr, puisque c’est l’autre bout du monde, par rapport au centre, qui est moi.

Ce n’est pas tout : j’ai quelque chose à vous dire. C’est valable aussi pour vous : vous êtes le centre du monde. Vous n’avez qu’à essayer, ça marche tout seul. En fait, cela marchait déjà, il suffit de le constater. Le centre du monde est partout.

Rediffusion de ma note du… 1er octobre 2004 (à l’époque sur le blog « Sablier »)
Image de la Terre prise par le télescope Hubble (merci à Jean-Louis Clavé)

Publicité

3 réflexions au sujet de « Centralisation »

  1. J’ai souvent fait ce constat, assez intéressant. Cela ne m’a jamais fait enfler l’ego, cependant. Sauf en pensée, je ne vais jamais très loin, mais le centre du monde ne semble pas se plaindre de ma sédentarité. Il faudra toutefois que j’essaie de savoir où se trouve vraiment le centre du monde quand mon corps est ici et que mon coeur est ailleurs.

    • J’espère que moi non plus je n’ai pas trop la grosse tête ! J’ai essayé de le dire en donnant à ce texte un ton légèrement ironique. Quant à ta dernière phrase, il y a de tels écartèlements…

  2. C’est tout à l’honneur du centre du monde de ne point se plaindre de notre tendance naturelle à la sédentarité. Depuis qu’il entend parler des quatre coins du monde, il aurait pu lui venir l’envie de leur rendre visite tour à tour (et qui, alors, en serait tout tourneboulé?)

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s