Ockham et l’oubli

Il existe des mots, des expressions ou des faits que, pour des raisons qui la plupart du temps nous échappent, nous n’arrivons pas à mémoriser. Il en est ainsi pour moi du « rasoir d’Ockham ». De temps à autre, ce groupe de mots me traverse la tête et je me demande : mais qu’est-ce que cela désigne, déjà ? et chaque fois je me retrouve complètement démunie.

Rasoir en bronze, 1er âge du fer, civilisation de Hallstatt, trouvé à Acy-Romance. Musée de l'Ardenne, Charleville-Mézières (08) Image Wikipedia.

En fait, ce que l’on appelle « rasoir d’Ockham » est un principe de raisonnement que l’on attribue au théologien et philosophe anglais Guillaume d’Ockham (XIVe siècle), mais qui était connu et formulé avant lui (Aristote et autres) : « Les multiples ne doivent pas être utilisés sans nécessité » (« pluralitas non est ponenda sine necessitate »).

Aussi appelé « principe de simplicité », « principe de parcimonie », ou encore « principe d’économie », il exclut la multiplication des raisons et des démonstrations à l’intérieur d’une construction logique. Il consiste ainsi à ne pas utiliser de nouvelles hypothèses tant que celles déjà énoncées suffisent, ou autrement dit, à ne pas apporter aux problèmes une réponse spécifique, avant d’être (pratiquement) certain que c’est indispensable.

Guillaume d’Ockham ou Guillaume d’Occam (1285 – 1347), dit le « Docteur invincible » et le « Vénérable initiateur » (Venerabilis inceptor), était un philosophe, logicien et théologien anglais, membre de l’ordre franciscain, considéré comme le plus éminent représentant de l’école scolastique nominaliste (ou « terministe », selon la terminologie ockhamienne).

Sa doctrine fut soupçonnée d’hérésie par les autorités ecclésiastiques parce qu’elle remettait en cause bon nombre de postulats de la théologie traditionnelle, notamment ses prémisses « scientifiques », et parce qu’elle critiquait la possibilité d’une démonstration de l’existence divine. Ockham s’en est également pris aux fondements de l’autorité temporelle du pape dans ses écrits politiques. Il fut d’ailleurs convoqué en 1324 pour s’expliquer en Avignon, où siègeait alors le pape Jean XXII, mais ne fut jamais condamné, pour des raisons restées inconnues.

Mais pourquoi énoncer le principe en ces termes ? L’analogie du rasoir pourrait se référer au fait d’éliminer les variables ou concepts superflus qui introduisent inutilement toutes sortes de complications. On coupe tout ce qui dépasse…

Le Rasoir d’Ockham est aussi le titre d’un roman policier de Henri Loevenbruck (apparemment, tendance Code Da Vinci…) publié en 2008 chez Flammarion. Mais je ne l’ai pas lu et je ne sais pas s’il fait référence, directement ou non, au fameux principe. Ni si sa lecture me permettrait de me souvenir enfin du sens de l’expression…

(Merci à la Wikipedia).

Une réflexion au sujet de « Ockham et l’oubli »

  1. On se réfère aussi à ce principe en l’appelant, plus justement, le scalpel d’Ockham: ce qui rend, je crois, l’analogie plus évidente, puisqu’on l’utilise pour réséquer d’un raisonnement ce qui lui est inutile…

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