Le choc Dado


La puissance ne consiste pas
à frapper fort ou souvent, mais
à frapper juste.
Balzac

Je commencerai par un aveu d’ignorance… Je connaîs deux ou trois choses sur la peinture des siècles passés, mais j’ai de très vastes lacunes en matière d’art contemporain. Si vastes que cela me donne l’espace pour y faire de grandes randonnées. Ainsi lorsque j’ai visité la semaine dernière l’exposition consacrée par la galerie Alain Margaron au peintre Dado, sous le titre de « Puissance de la peinture », c’était la première fois que j’entrais en contact avec l’œuvre de cet artiste. (Je n’avais pas vu, par exemple, celle du centre Pompidou en 1981/82).

Dado : Sans titre (image Galerie Alain Margaron)

Un vrai choc. Une chance pour moi : bien que la galerie ne soit pas très vaste, elle avait réussi à présenter une rétrospective assez complète, avec une quarantaine de peintures,  dessins, collages et gravures représentatifs de ses différentes périodes, depuis 1960 jusqu’aux années récentes. C’est d’autant plus important que cette œuvre semble avoir beaucoup évolué au fil du temps et subi de nombreux renouvellements. Miodrag Djuric, dit Dado, né en 1933 à Cetinje dans les montagnes du Monténégro, est arrivé en France en 1956 et s’y est finalement fixé à Hérouval dans l’Oise.

 

Il existe dans son travail, il me semble, un lien étroit entre le sujet représenté et la technique employée, qui décline toutes sortes de combinaisons entre la peinture ou la gravure et le collage. Difficile de définir ce qu’il nous montre. C’est un travail de violence. Bernard Noël, dans un texte publié dans le catalogue d’une précédente exposition (La Chapelle Saint-Luc, édité par la galerie en 2002), et que l’on peut lire sur le site de Dado, parle de fureur, de « condensation explosive », de « rassemblement orageux ». Des personnages hybrides semblent flotter entre deux eaux, entre deux vents. Ces monstres ont souvent quelque chose de bizarrement enfantin. Ils sont à la fois précis et flous. « Au début, Dado défigure la figuration en y installant le cauchemar, puis il en dégrade le statut par la disproportion, l’insensé, le délire, enfin, il la piétine pour la recomposer à partir de la souillure », dit encore Bernard Noël. Travail d’une grande force, énergie, liberté (mais exercée avec rigueur). Une prolifération débordante, mais qui obéit à un ordre interne particulier. Et finalement ce qui me vient à l’idée, c’est que, si un extra-terrestre me demandait « quel peintre regarder pour voir le vingtième siècle ? », je pourrais répondre « Dado ».

La chapelle Saint-Luc de Gisors

— Quelques mots au sujet de la Chapelle Saint-Luc précitée. Il s’agit d’une ancienne léproserie, bâtiment du 13e siècle situé à Gisors dans l’Eure, sur les murs de laquelle Dado a entrepris de peindre une série de fresques sur le thème du jugement dernier. (image provenant de ce site : Gisors 27140).

On peut visiter l’ « anti-musée virtuel » de Dado (nombreuses images et documents)

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