Welcome to Harvey Milk

N’en déplaise à certains qui tordent le nez quand il est question de Télérama, cet hebdomadaire propose des initiatives bienvenues, comme chaque année en janvier ce festival de cinéma qui reprend dix films sortis l’année précédente – pour moi, qui arrive souvent comme les carabiniers, c’est une bénédiction que cette occasion de voir des films que j’ai manqués en leur temps.

A gauche, Harvey Milk, le vrai, en 1978 dans le bureau du maire de San Francisco ; à droite, Sean Penn sur le tournage du film. Images Wikipedia.

Ainsi, ce week-end, j’ai pu voir à peu de frais, successivement, Welcome de Philippe Lioret et Harvey Milk de Gus Van Sant*. Rapprochement incongru ? pas tant que ça. Bien sûr, l’un se situe dans le Pas-de-Calais et l’autre en Californie ; l’un aujourd’hui et l’autre dans les années 70. Mais dans les deux cas, on nous propose une réflexion sur le thème « nous et les autres » : quand on est une communauté humaine établie, comment est-ce qu’on traite des gens différents, qui viennent nous déranger en réclamant leurs droits d’êtres humains ? Car c’est bien de cela qu’il s’agit. Même si Harvey Milk (interprété de manière magistrale par Sean Penn), l’activiste homosexuel devenu conseiller municipal d’un quartier de San Francisco, sait à merveille jouer (et même jouir) du pouvoir que lui donne le « vote gay », ce qui le motive au plus profond, c’est bien de garantir à ces citoyens américains les mêmes droits civiques qu’aux autres, Déclaration d’indépendance en bandoulière. Dans de nombreux pays (pas tous évidemment), en matière de reconnaissance de l’homosexualité, de grands progrès ont été accomplis pendant ces trente ans ; toutefois, les débats qui ont surgi en France au moment de la création du PACS incitent à la vigilance. (Il en va de même pour le statut des femmes ; en matière de législation, rien n’est jamais acquis définitivement…)

Firat Ayverdi, le jeune "Bilal" de Welcome. Image Allociné.

Firat Ayverdi, le jeune "Bilal" de Welcome. Image Allociné.

Et dans les deux cas, ça finit mal : Harvey Milk est assassiné, et le jeune héros de Welcome se noie en essayant de traverser la Manche à la nage. En ce qui concerne ce dernier film, le tableau est nettement plus noir. Il est évidemment réconfortant de voir l’indifférence initiale du maître nageur être remplacée par des gestes de solidarité – même s’il est plus provoqué par un malaise personnel qu’autre chose. Mais on voit mal comment les gestes courageux de quelques-uns pourraient – pourront – déboucher sur une solution globale. Le problème des immigrés clandestins est lié de trop près à la structure même de l’économie mondiale telle qu’elle fonctionne. Tandis que les homos de Harvey Milk pouvaient avoir une place dans la société américaine telle qu’elle était (et d’ailleurs c’est ainsi qu’ils se présentent : citoyens intégrés, commerçants et businessmen, payant des impôts…)

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(*) PS – J’avais plus ou moins oublié que Gus Van Sant était aussi l’auteur du film A la recherche de Forrester, dans lequel Sean Connery nous a expliqué comment il est beaucoup plus confortable de porter ses chaussettes à l’envers.

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