« Le tableau dit à l’homme :
Ce que tu penses ne me regarde pas. »
Georges Perros, Dessiner ce qu’on a
envie d’écrire, éd. Finitude
Bien probablement, des critiques, des philosophes, des écrivains, ont pensé à ça avant moi, mais je ne crois pas l’avoir jamais lu (si vous connaissez des références, dites-le moi…) Je m’explique. Il me semble qu’il y a une différence fondamentale dans la perception que nous avons de la musique, de la peinture et du texte écrit.
Pour la musique, il y a nécessairement une persistance auditive – au sens où on parle de persistance rétinienne – qui nous permet de l’apprécier dans le rapport qui existe entre les sons successifs. Pour le texte écrit, il nous faut évidemment l’acte de lecture qui est le plus souvent linéaire, en français de gauche à droite et de haut en bas de la page, mais qui peut être également fragmentaire ou aléatoire si le texte (ou notre fantaisie) s’y prête : en tout cas un processus qui s’inscrit également dans la durée.
Mais la peinture, c’est la rencontre immédiate et totale avec le tableau. Même si une observation prolongée nous conduit à nuancer notre impression première, à découvrir des détails significatifs, à connecter l’image à celle d’autres œuvres, l’essentiel reste dans l’immédiateté de la toute première appréhension, de l’ordre du choc.
PS → Voir chez Raymond Alcovère le commentaire de Philippe Sollers sur la Tempête de Giorgione.