Au théâtre l’autre soir pour Premier amour, de Samuel Beckett, interprété par Sami Frey, qui en a fait également la mise en scène – au théâtre de l’Atelier.
Beckett a beaucoup écrit pour le théâtre mais ce texte n’est pas une pièce à l’origine, c’est une nouvelle, écrite dans les années 1940 et publiée en 1970 (aux Editions de Minuit). « C’est un texte que Beckett avait écrit en 1945. Il ne l’avait pas publié. Jérôme Lindon avait retrouvé le manuscrit en 1969 et Beckett l’avait alors repris… Il est donc tissé de deux moments de la vie de l’écrivain, de sa maturité – il a 39 ans -, à son âge mûr – il a 63 ans. » (Sami Frey dans une interview au Figaro).
Ce texte est donc devenu un monologue que Sami Frey amorce assis sur un banc, placé tout à l’avant de la scène, devant le rideau fermé. Ce sera le seul élément de décor de cette mise en scène minimaliste. Peu de musique sinon un son assourdi, qui revient de manière récurrente comme un appel lointain. Le narrateur est vêtu d’un manteau noirâtre et porte en bandoulière une petite musette (tiens, voilà un mot qui revient de loin !) Pas vraiment le look clodo, juste un peu décati.
« J’associe, à tort ou à raison, mon mariage avec la mort de mon père, dans le temps.
Qu’il existe d’autres liens, sur d’autres plans, entre ces deux affaires, c’est possible. Il m’est déjà difficile de dire ce que je crois savoir. » Ainsi commence le texte de Beckett, qui renvoie d’emblée à des incertitudes majeures.
Sami Frey interprète magnifiquement ce Premier amour de dérision, avec force et subtilité à la fois. C’est vraiment un acteur superbe, dans tous les sens du terme !