En sortant de l’exposition des chefs d’œuvre de la collection Brukenthal, au musée Jacquemart-André, j’étais quelque peu restée sur ma faim. Une (relative) déception à la mesure de mon attente, comme l’intitulé des grands maîtres flamands : Van Eyck, Bruegel, Memling… m’avait enthousiasmée.
En fait, l’exposition est assez courte (une quarantaine d’œuvres), et encore, comme le dit Philippe Dagen, dans le Monde, « la liste aurait pu être allégée de natures mortes et de paysages hollandais banals ». Il y a certes quelques Van Eyck, Bruegel, Memling, mais aussi beaucoup de seconds couteaux d’intérêt limité. En soi, après tout, cela témoigne de la cohérence des choix du collectionneur : en l’occurrence, ce « baron éclairé », Samuel von Brukenthal (1721-1803), juriste et gouverneur de Transylvanie pour le compte de la monarchie autrichienne. Très fortuné, grand collectionneur d’art, il a laissé par testament des dispositions pour la fondation d’un somptueux musée à Sibiu (Hermannstadt du temps des Autrichiens), lequel porte son nom.

Musée national Brukenthal de Sibiu
Pour en finir avec les éléments négatifs, il faut mentionner l’affluence extrême qui arrive au point d’empêcher de voir les tableaux, les locaux étant relativement exigus. Tout cela étant, on prend tout de même un grand plaisir à voir une œuvre telle que l’Homme au Chaperon Bleu de Jan Van Eyck, peint vers 1430. Jan Van Eyck est aussi l’auteur de tableaux aussi célèbres que le retable de l’Agneau mystique de la cathédrale de Gand, la Vierge au chancelier Rolin ou les Epoux Arnolfini, et Vasari lui attribue l’invention (avec son frère Hubert) de la peinture à l’huile. Le portrait est censé représenter Jean IV de Brabant, fondateur de l’Université de Louvain. Quoi qu’il en soit, la sobriété de la toile et l’expression pensive et mélancolique du personnage en font une œuvre très attachante.
Un bon dossier sur Van Eyck ici.
Dans un tout autre esprit, j’ai bien aimé aussi le Soldat à sa fenêtre fumant sa pipe de Frans Van Mieris. Le soldat est représenté de profil, se retournant pour regarder le spectateur d’un air malicieux, dans l’embrasure d’une fenêtre peinte en trompe-l’œil. Une bouteille posée au premier plan sur l’appui de la fenêtre suggère qu’il a dû sacrifier à Bacchus. La fenêtre est d’ailleurs encadrée de grappes de vigne.