De Christine Jordis, j’avais lu avec grand plaisir et intérêt l’essai intitulé De petits enfers variés, où elle analysait avec une grande perspicacité les romancières anglaises contemporaines. Aussi quand j’ai vu qu’elle avait écrit elle-même un roman, je me suis précipitée.
Argumentaire de Un lien étroit :
Devenir une femme adulte, libre, avoir « une chambre à soi », quand on aime un homme de nature possessive et qu’on est encore emprisonnée dans les rets d’une éducation victorienne, est une gageure. C’est celle que soutient la narratrice de cette histoire, qui se déroule en Angleterre, aux États-Unis et surtout à Paris, entre les années soixante-dix et aujourd’hui.
À Londres, elle a rencontré Paul, qui va devenir son premier mari. Un homme entier, absolu, qui vit sa passion dans une volonté de fusion, sans comprendre que ses exigences étouffent peu à peu l’être aimé. Comment préserver sa liberté intérieure quand l’autre conçoit l’amour comme un partage exclusif ? Comment exister par soi-même tout en répondant à l’exigence amoureuse ? Vivre en couple, n’est-ce pas vouloir surmonter des contradictions insolubles ?
À travers ses propres tentatives, la narratrice réfléchit sur l’absolu de l’amour et les difficultés du mariage, sur le bouleversement dans les attitudes au cours de trois générations successives. Une histoire contemporaine du couple. Un roman sur le temps, l’usure, et le besoin d’être soi – d’écrire.
Bon, tout cela, ce sont de vraies questions qui sont posées, de celles sur lesquelles nous les femmes on se « prend la tête » volontiers. D’où vient donc que je n’ai pas « accroché » à ce livre ? Il est intelligent, subtil, bien construit, avec une alternance harmonieuse de récit et de réflexions. Mais il manque quelque chose, je ne sais pas trop quoi. Il me semble abstrait, les personnages (surtout le fameux Paul) m’ont paru inconsistants. Faute de détails concrets, peut-être, ou de dialogues, il y en a fort peu. Ce n’est pas une question de principe, je m’en balance s’il y a des dialogues ou pas, la seule chose qui compte, c’est que ça fonctionne : comme le Whatever Works de Woody Allen (« n’importe quoi, pourvu que ça marche »). Et là, ce n’est pas vraiment le cas. C’est dommage, j’aurais voulu aimer ce roman !