Le reclus de Mexico


« Parque Via« , film du réalisateur mexicain Enrique Rivero

Franchement, pendant la première demi-heure, je me suis plutôt… ennuyée, pour rester polie. Le degré zéro du minimalisme, pas ou presque pas de musique, pas ou presque pas de dialogues, un personnage unique occupé à des actions quotidiennes, ordinaires et répétitives…

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Synopsis d’après Allociné : A Mexico, Beto, un homme d’une cinquantaine d’années, est le gardien d’une maison mise en vente et restée vide depuis plusieurs années, dans laquelle il a longtemps travaillé comme domestique. Il y habite, il l’entretient, il la nettoie. La solitude, la monotonie et la routine de son travail l’ont amené à mener une vie recluse, qui semble étouffante, mais lui fournit un environnement sûr et stable, contrairement au monde extérieur menaçant. Ses contacts sont limités à deux seules personnes, qui lui rendent visite sur place : la propriétaire de la maison, pour qui il a un sentiment de gratitude et de respect profond ; et Lupe, danseuse et semi-prostituée. (Ces relations sont symétriques dans le sens où la propriétaire téléphone à Beto pour lui annoncer son prochain passage, et où Beto appelle Lupe pour lui demander de venir.) La maison ayant trouvé des acheteurs, Beto se demande ce qui va advenir de lui.

J’ai commencé à basculer de l’ennui vers l’intérêt pour des raisons de style. En effet, toute la partie concernant la vie de Beto à l’intérieur de la maison est volontairement montrée dans une gamme de couleurs ternes, éteintes, délavées. La maison est un peu délabrée, un peu, pas trop, elle est vaste et vide, à part la petite chambre où dort Beto et le salon où il campe avec un fauteuil unique devant un poste de télé vétuste. Par contre les rares sorties de Beto en ville sont traitées avec des coloris violents, des taches de couleur mouvantes, un bruit continuel, et l’on ressent alors presque physiquement le malaise de cet homme qui a développé une crainte maladive du monde extérieur, au point d’être victime de malaises. De même, le calme le plus plat règne à l’intérieur de la propriété, où il ne se passe rien, tandis que la télé déverse sur Beto un flot continuel de faits divers sanglants présentés de la manière la plus spectaculaire possible. Contraste évidemment fort anxiogène.

Nolberto Coria, 100 % mexicain

Nolberto Coria, 100 % mexicain

Il semble que ce film, qui  a remporté à l’été 2008 le Léopard d’or du festival du film de Locarno, ait été librement inspiré de la vie réelle de son principal interprète, Nolberto Coria (prodigieusement « réel » avec une physionomie très mexicaine). Je ne sais pas si cela inclut l’événement survenant à la fin du film, et qui, comme le dit très justement Serge Kaganski dans Les Inrockuptibles, sera « à la fois inattendu et prévisible, et dont la nature exacte sera incertaine. » (Pour des raisons évidentes, je ne souhaite pas en dire plus…)

J’étais sans doute allée voir ce film pour de mauvaises raisons, que je revendique d’ailleurs (voir la ville de Mexico, que je connais assez bien dans la vie). Au final, j’ai révisé mon point de vue, devant cette fable métaphysique, qui conserve presque intact le mystère des êtres.

D’autres points de vue :

• Critique du site Ecran large

• Article du Monde

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