Les cinquante ans de Bison Ravi

Boris Vian à Saint-Tropez vers 1956 - © DR - Archive Cohérie Boris

Boris Vian à Saint-Tropez vers 1956 - © DR - Archive Cohérie Boris

Boris Vian n’a jamais eu cet âge canonique, puisqu’il est mort avant d’avoir atteint les quarante, comme il l’avait toujours prédit. En France comme ailleurs, on n’aime rien tant que célébrer un écrivain de manière forcenée avant ou après son cinquantenaire, ou centenaire, quitte à l’oublier plus confortablement avant et après. Vian n’échappe pas à cette célébration convenue qui l’aurait sûrement bien fait ricaner.

Car on le présente souvent comme un aimable fantaisiste, un doux rêveur, un joyeux plaisantin, toutes choses qu’il était sans doute, mais ce serait passer à côté d’une dimension essentielle de sa personnalité et de son œuvre que d’ignorer la noirceur de sa vision de l’humanité. Noirceur qui apparaît en filigrane derrière les amusements, certes fort agréables, auxquels il nous convie. Il n’y a qu’à lire par exemple son roman L’Arrache-cœur, ou bien les magnifiques nouvelles du recueil Les Fourmis. On dit que l’humour est la politesse du désespoir ; à cette enseigne, Boris Vian est assurément quelqu’un de très poli.

J’ai beaucoup aimé Vian dans ma lointaine jeunesse, je m’en suis un peu éloignée depuis, pour des raisons que je connais plus ou moins bien. Je lui conserve une affection un peu triste, comme pour un ami perdu de vue. Je le relirai peut-être. Ce serait bien qu’un théâtre puisse monter sa pièce Les Bâtisseurs d’empire. En attendant, parmi toutes les parutions consacrées à l’auteur du Déserteur, voici un volume de la très très bonne collection Découvertes chez Gallimard (ci-dessous) ; on annonce la publication d’une numéro spécial de la revue Europe en septembre 2009 ; et on retrouve toutes les manifestations de ce cinquantenaire sur un blog « dédié », comme on dit maintenant de manière intransitive.

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Beaucoup de ressources documentaires aussi sur le site Le petit cahier du grand Boris Vian, qui propose notamment les contributions de BV au Collège de Pataphysique.

4 réflexions au sujet de « Les cinquante ans de Bison Ravi »

  1. J’ai eu aussi ma période Vian, il y a bien longtemps. Je l’ai lu d’abord (à peu près tout je crois, le prénom Chloé est par exemple pour moi indissociable de l’arrache-cœur), écouté ensuite. La découverte de sa voix fut un choc. Elle m’a toujours sembler dire un homme d’une grande intelligence rationnelle – et cherchant à toute force le moyen de s’en évader.

  2. Delest : à propos de « un homme d’une grande intelligence rationnelle » : ne pas oublier que Vian était ingénieur. Mais effectivement il a cherché – et il est parvenu je crois – à contourner ou à compenser la limite que cette rationalité représentait.

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