« Le Mexique est un pays où il faut rester longtemps,
alors on cesse d’y être des voyageurs
et il se referme sur vous avec une puissance
dont je n’essaierai pas de vous décrire ici les effets ».
André Pieyre de Mandiargues,
Quatrième Belvédère
Au printemps 1958, André Pieyre de Mandiargues et sa femme Bona s’embarquent sur le navire MS Andrea Gritti à destination du Mexique ; ils vont y passer plusieurs mois. Un séjour qui aura laissé une marque profonde dans l’œuvre de l’écrivain dont c’est en 2009 le centenaire.
A ce séjour mexicain, la Maison de l’Amérique latine consacre actuellement une exposition d’une grande cohérence, portant le titre de « Pages mexicaines ». L’espace dont elle dispose pour les expositions n’est pas très vaste mais la MAL en tire vraiment le meilleur parti.
Extrait de la présentation : L’exposition présentée à la Maison de l’Amérique latine offre un premier ensemble documentaire où le voyage des Mandiargues au Mexique est évoqué à partir de l’exceptionnel album de photographies en noir et blanc dont Bona est le plus souvent l’auteur. Des extraits de textes de l’écrivain guident le visiteur tout au long de son parcours.
Un second ensemble, composé de manuscrits et de documents originaux, tels que les carnets de travail de Mandiargues, les lettres envoyées à ses amis, le journal de voyage de Bona, donnent à voir les différentes étapes du processus d’écriture et le soin avec lequel le couple garde mémoire des événements.
L’un des prétextes au voyage mexicain fut l’exposition de peintures de Bona à la Galerie Antonio Souza. La troisième salle, consacrée à la galerie, montre, outre les œuvres de Bona, celles d’Alvar Carrillo Gil et Wolfgang Paalen, deux artistes de chez Souza que les Mandiargues ont rencontré durant leur séjour. Cette salle sert de trait d’union avec l’autre partie de l’exposition consacrée aux arts plastiques. Se trouvent rassemblées une vingtaine d’œuvres des trois artistes mexicains majeurs – Francisco Toledo, José Luis Cuevas et Juan Soriano – avec lesquels l’écrivain a dialogué de 1964 à 1989, ainsi qu’une douzaine de photographies du voyage au Mexique de 1934 d’Henri Cartier-Bresson, ami complice de Mandiargues depuis l’adolescence, dont les images ont accompagné la vie.
Par la suite, le Mexique est souvent présent dans l’œuvre de André Pieyre de Mandiargues. Dans les cinq recueils successifs de textes portant le titre de Belvédère, il présente de nombreux textes se rapportant à ce pays. Ce sont essentiellement des évocations de moments de ce voyage (en particulier la série de textes sous-titrée « La Nuit – Le Mexique » dans le Deuxième Belvédère), ainsi que des articles critiques et commentaires sur l’œuvre de poètes ou d’artistes mexicains : Octavio Paz, Francisco Toledo, Alfonso Reyes, José Luis Cuevas.

Sculpture de José Luis Cuevas, "Autoretrato" devant le Palacio de Bellas Artes à México (2008). Photo EL.
Le Belvédère, premier du titre, contient sous l’intitulé Aigle ou soleil ? une brève étude de l’œuvre d’Octavio Paz, que Mandiargues présente comme « le seul grand poète surréaliste en activité dans le monde moderne » (on est en 1958). La nuit de Tehuantepec est le récit d’une soirée et d’une nuit passées lors des fêtes de Pâques dans la petite ville de Tehuantepec, petite ville de l’Etat d’Oaxaca. Un récit marqué par une atmosphère insistante de rêve éveillé. Enfin, le roman de Mandiargues La Motocyclette est nourri du mythe aztèque du dieu solaire et de l’image des sacrifices humains.